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J’arrive en fin de journée sur la côte méditerranéenne non loin de Vintimille. Cette nuit sur la plage me rappelle ma première nuit de bivouac sur celle de Viareggio, il y a un an et demi. Je venais de voir le frère Antoine, l’ermite du rocher de Roquebrune. Aujourd’hui j’y retourne.

Régulièrement lors de mon voyage je recevais des messages de personnes visitant la grotte de l’ermite du rocher. Frère Antoine leur partageait les cartes que je lui envoyais après m’en être servi pour traverser un pays en y rajoutant des commentaires sur mes péripéties.

 

Extrait du livre « La voie du rocher » où l’on apprend comment frère Antoine est poussé hors des ordres par une dent de sagesse.

« Pour vous ébattre dans la bienheureuse exclusion comme vous le faite depuis trente ans, à la barbe de tous les autres qui la subisse il fallait obligatoirement que vous ne vous incrustiez point dans le monachisme académique. Ce n’est quand même pas un ange venue du ciel qui vous a inspirez votre entêtement à essayer d’y faire votre carrière ?

_ Ce ne fût pas un ange mais une dent de sagesse poussée de travers qui opéra mon extraction de l’égrégore.

Six mois après ma profession monastique, une crise d’odontalgie me propulsa du cours de philosophie dans le bureau du Père Abbé. Il me dit d’enfourcher un de ces vélo-tank que les allemands avaient laissé en cadeau et d’aller chez le dentiste à Laval. Ce dernier M. Renier était un ami des moines et il apprécierait beaucoup mieux un gros fromage « Port du Salut » qu’un billet de banque. En entrant dans la cours du dentiste on était accueilli par un coq qui se promenait avec une dent planté dans la crête. M. Renier faisait des expériences de replantation de dents. La crête étant de la même matière que les gencives. S’il avait réussit c’eut été la ruine des prothésistes.

Quand le dentiste eut ri de toutes ses dents à la vue du fromage de quarante centimètres, en cette époque de restriction alimentaire, il caressa mon enflure maxillo-faciale et me proposa de m’endormir, non point localement mais la totalité de mon corporel avec un gaz hilarant.

C’était un narcotique (hémioxyde d’azote) qui a été retiré des officines dentaires depuis. Il m’évita la douleur physique et aussi eut des conséquences surprenantes. Tout le long du retour en vélo il y avait un cinéma dans ma tête où je vis défiler toutes les situations les plus catastrophiques qui peuvent arriver dans la vie d’un homme et en même temps une voie tonitruante que disait : « On a toujours tors d’être triste. » A mes deux ans de prières, de méditation et d’ascèse venait se brancher un détonateur de fabrication artisanal. Artisanal parce qu’il m’éclata aussi bien dans le bon sens que dans le moins bon. A partir de cette drogue tout ce qui dans mes études de philo restait bouché devint clair. J’en mettais plein la vue au prof et à mes collègues comme Adam et Eve après leur overdose ophidienne. Mais à cet épanouissement de cervelle vint s’ajouter un esprit critique, contestataire trouvant des niaiseries obsolète dans tout le système monacal. Cette dent de sagesse poussée de travers me poussa dehors. Culpa ! Mea culpa qui plus tard devait prendre le nom de baptême de Felix Felix culpa non seulement pour moi mais pour tout le système monastique, car quand je suis revenu huit ans plus tard le grand déblayage avait eu lieu entre temps. Etrange merveille ! Tout ce qui m’avait horripilé avait disparu comme par magie. Le passage du latin au français y était pour quelque chose car il y avait des imprécations insupportables comme le symbole de Saint Athanase, complètement indigeste pour des oreilles pieuses. Il y avait aussi un rabâchage d’office et des répétitions de messe écrasantes de formalisme.

La vie communautaire ne devait être pour moi que terrain de sport et de stage et non d’incrustation… »

Je retrouve dans la grotte la boite de biscuit sur laquelle est inscrit, en cas d’absence du frère. « Qui que tu sois démon ou ange, si tu as soif bois, si tu as faim mange.

Des randonneuses de passage s’approchent timidement. On les entend qui chuchotent « regarde là-haut il y a quelque chose » elles ne nous on visiblement pas encore aperçut « Ca se visite ? » ajoute l’une d’elle, ce à quoi frère Antoine de répondre « C’est pas un zoo ici ! » vexées par ces propos elles continuerons leur chemin.

Frère Antoine à qui je propose de faire une prothèse me chante en réponse une chanson au sujet de Saint Apolline la patronne des dentistes:

« Quand on voulu lui faire souffrir le Martyr

On mit une annonce dans les journaux

Pour trouver un célèbre bourreau

A qui on pu là conduire

C’est ainsi qu’on la mena tout droit

Au dentiste le plus maladroit

Il avait le don d’arracher les bonnes dents au lieu des mauvaises

Les gens s’en retournaient plein d’invectives

Après avoir démantibulé le dossier de la chaise

Quand Saint Apolline perdit toutes ces dents

Elle chantait les louanges de dieu tout le temps

Car disait elle, les oiseaux qui n’en on jamais eu

Ce sont eux qui le touchent le plus

Au lieu de chanter en bas-latin dental

Elle les chantait en hébreux guttural. »

 

Il me dépose à la gare de péage ou il me lance, depuis le 4x4 rouge qu’un ami lui prête, un « Tu es dans mon cœur. » qui réchauffe le mien.  Je finis les derniers kilomètres qui me ramènent vers mon point de départ, Vitrolles, où j’y retrouve ma mère qui a patienté 18 mois en me suivant sur une carte punaisée au mur où j’y découvre son suivi de mon parcours, entouré du monceau de cartes postales que je lui ai envoyé des 4 coins de mon aventure.

Frère Antoine après avoir écouté mes récits d’hospitalité étrangère m’avait dit :

« La conclusion c’est que tous le monde est frère. On est étranger nulle-part. »

 

Je dédie ce voyage à mon frère qui à choisi son propre voyage et m’a accompagné le long du mien, mais aussi à ceux qui reste, ma mère et mon père, et à tous ceux qui ont suivi ces récits, m’ont accompagné  et soutenu par leur mails. A tous ceux qui ont fait de ce chemin une expérience unique, qui m’ont rassasié ou étanché ma soif et ceux qui m’ont accompagné et hébergé et à ceux qui m’ont permis de me dépasser en me refusant l’accès aux chemins les plus courts, et ceux qui m’ont volé pour m’avoir allégé, ceux qui ne m’ont pas offert de repas ni à boire pour m’avoir permis de jeûner. Merci à tous ceux qui ont croisé mon chemin et on fait de ‘mon’ chemin le leur.

L’aventure n’est pas finie, je vais maintenant m’atteler a écrire un livre sur cette aventure dont je vous tiendrai informé de sa sortie l’année prochaine.

A bientôt

Julien